Bosnie-et-Herzégovine
La Bosnie-Herzégovine ou plus exactement la Bosnie-et-Herzégovine est un pays situé en Europe du Sud, dans la péninsule des Balkans. Elle partage des frontières avec la Croatie, la Serbie et le Monténégro et s'ouvre sur la Mer Adriatique.
Cette République indépendante depuis 1992 est formée de deux régions, la Bosnie et l'Herzégovine qui ont été réunies en une seule entité géopolitique durant le Moyen-Age. Utiliser seulement le nom de « Bosnie » pour désigner l'ensemble du pays est donc une erreur souvent commise. Cependant, tous les habitants de la Bosnie-et-Herzégovine sont appelés « Bosniaques ».
Il est également important de différencier le nom de l’État de celui de la Fédération de Bosnie-et-Herzégovine, l'une des trois entités territoriales non indépendantes du pays formées suite aux accords de Dayton marquant la fin de la guerre de Bosnie-Herzégovine de 1992 à 1995. Les deux autres entités sont la République serbe de Bosnie reconnue comme collectivité territoriale autonome et le District de Brčko reconnu comme territoire neutre et autonome.
La Bosnie-et-Herzégovine en un coup d’œil
épublique fédérale
Capitale : Sarajevo
Divisions administratives : 10 cantons en Fédération de Bosnie-et-Herzégovine et 63 municipalités en République serbe de Bosnie
Population : plus de 3 millions d'habitants
Langues principales : bosnien, serbe, croate
Religions principales: christianisme et islam
Haut représentant international actuel : Valentin Inzko
Monnaie : Mark convertible (1 mark convertible = 100 fening)
Conversion en euro : 100 marks convertibles = 51 euros
Tourisme : pas de restriction hormis dans les zones minées
Un pays, trois entités
La Bosnie-et-Herzégovine est formée de deux régions historiques, la Bosnie qui occupe 80% du territoire et, au sud, l'Herzégovine.
Avec seulement 20 kilomètres de littoral, le pays est quasiment enclavé dans la péninsule balkanique.
Les trois entités autonomes se partagent l'ensemble du territoire :
La Fédération de Bosnie-et-Herzégovine (anciennement Fédération croato-musulmane ou fédération croato-bosniaque) occupe un peu plus de la moitié du territoire du pays, sur la façade occidentale (y compris l'accès à la Mer Adriatique et dans le centre du pays. Sa capitale est Sarajevo qui est également capitale du pays)
La République serbe de Bosnie qui se divise en deux parties situées de part et d'autre de la Fédération de Bosnie-et-Herzégovine et séparées par le District de Brčko occupe 48,5% du territoire. Sa capitale est Banja Luka.
Le District de Brčko forme une petite enclave dans le pays. Il a obtenu un statut spécifique en 1999 car il est géré par le maire de la ville de Brčko sous la surveillance d'un représentant de l'ONU dépendant lui-même du Bureau du Haut Représentant en Bosnie-Herzégovine, le plus haut pouvoir politique du pays. Ce petit territoire neutre et autonome fait l'objet d'une polémique dans le pays, la République serbe de Bosnie s'estimant lésée dans le partage des territoires.
Le relief de la Bosnie-et-Herzégovine est essentiellement montagneux, son plus haut sommet, le Mont Maglic, culmine à 2.386 mètres d'altitude. Le pays est traversé par les Alpes dinariques, un important massif d'altitude moyenne situé dans la partie occidentale des Balkans, s'étendant de la Slovénie à l'Albanie selon un axe nord-ouest/sud-est. Le massif se prolonge en une série de petites îles dans la mer Adriatique, des anciens sommets aujourd'hui submergés.
Le relief accidenté des Alpes dinariques rend les communications malaisées ce qui explique l'histoire du peuplement de la région qui est restée longtemps morcelée en de nombreuses ethnies possédant chacune sa propre culture et ses propres croyances.
La plus grande partie du pays est recouverte de forêts de hêtres et de conifères ainsi que de pâturages . Seuls les sommets des Alpes dinariques de plus de 1.600 mètres d'altitude émergent de cette végétation abondante.
Au nord du pays, le relief se fait moins accidenté et donne naissance à des grandes plaines fertiles irriguées par des cours d'eau dont la Save, un important affluent du Danube. Ces terres cultivables font partie de la plaine de Pannonie, un immense bassin sédimentaire, vestige d'une ancienne mer peu profonde qui recouvrait le centre et le sud-est de l'Europe durant le Miocène et le Pliocène.
Les plaines du nord ainsi que l'extrémité sud du pays profitant d'un climat de type méditerranéen sont des zones à forte activité agricole.
En raison de sa biodiversité et de la présence de plusieurs espèces animales en danger sur son territoire, la Bosnie-et-Herzégovine possède de nombreux parcs et réserves naturels ainsi que plusieurs zones RAMSAR (protégées par la Convention relative aux zones humide d'importance internationale particulièrement comme habitats des oiseaux d'eau) et ZICO (zones importantes pour la conservation des oiseaux) .
Au total, 7 espèces de plantes et 259 espèces animales sont placées sous protection. Cette liste comprend notamment l'Edelweiss, l'oie naine, l'aigle impérial, le pélican frisé et le triton alpestre.
Les gestionnaires des parcs et réserves doivent également veiller à la protection de sites naturels importants, sources, grottes, cascades et lacs qui émaillent le paysage.
Si la région située autour du littoral et de la ville de Mostar profite d'un climat méditerranéen mais pluvieux, les températures rafraîchissent dans le centre du pays au fur et à mesure de l'élévation de l'altitude. Les hivers sont rigoureux dans une grande partie du pays qui connaît de longues périodes de gel et d'enneigement. Avec une altitude de 650 mètres, la capitale Sarajevo a une température moyenne de 19°, avec des périodes caniculaires en été et de gel en hiver.
Le nord du pays a un climat de type continental aux saisons bien marquées avec des moyennes de température atteignant les 20% en été et 0 en hiver et des pluies moins abondantes que dans le sud.
La culture de Butmir
Le peuplement de la Bosnie-et-Herzégovine remonte probablement aux alentours de 16.000 avant notre ère lorsque des peuples nomades s'installent dans le sud du pays. Des gravures et des peintures pariétales du paléolithique ont été découvertes en 1975 dans la Grotte de Badanj et corroborent cette hypothèse.
Mais la première véritable civilisation du pays date du néolithique lorsque la culture de Butmir prend naissance aux alentours de 5.000 avant JC. Les premiers vestiges de cette culture ont été découverts à la fin du 19ème siècle durant la construction d'une nouvelle aile de l'Université de Sarajevo. Les campagnes de fouilles ont permis de retrouver un important matériel archéologique dont quelques pièces d'une poterie au décor original. Même si l'influence crétoise a été un temps envisagée, l'hypothèse d'une culture unique et propre à la région est privilégiée.
Plusieurs villages de la culture de Butmir ont été mis au jour. Ils couvraient quelques hectares de terrain et les maisons alignées étaient protégées par des fossés. Les habitants vivaient principalement de la chasse et de l'élevage.
La période illyrienne
Cette première culture endémique disparaît vers 1300 avant JC lorsque les Illyriens, un peuple formé de plusieurs tribus d'origine indo-européenne apparu au 20ème siècle avant notre ère, s'installe le long du rivage de la mer Adriatique et dans les massifs montagneux de la partie occidentale du pays. Parallèlement, la région orientale, et plus particulièrement les rives de la Save, est occupée par les Scordisques. L'origine de ce peuple fait l'objet de controverses. Certains historiens estiment qu'il s'agit également d'Illyriens tandis que d'autres penchent pour une origine celtique, une version que l'on retrouve déjà dans les écrits du géographe grec Strabon.
L'époque romaine
L'Illyrie est unifiée par le Roi Bardylis et atteint son apogée au cours du 4ème siècle avant notre ère avant d'être conquise en -358 par Philippe II de Macédoine, le père d'Alexandre le Grand. Philippe II étend ensuite son royaume en Grèce et en Thrace et se lance à l'assaut des Perses. A sa mort, son fils se charge de vaincre totalement l'empire perse achéménide, poursuivant son expansion jusqu'aux rives de l'Indus.
Pendant ce temps, les Romains débarquent dans les petites îles, refuges des pirates illyriens et dans le sud du pays. Ils chassent les Grecs qui avaient fondé plusieurs colonies dans le royaume d'Illyrie et, au 3ème siècle avant JC, occupent tout le littoral de la Dalmatie, une région illyrienne, sécurisant ainsi la mer Adriatique. Ils s'attaquent ensuite au Royaume de Macédoine fort affaibli depuis la mort d'Alexandre-le-Grand et les difficultés de sa succession. La Macédoine devient province romaine en 148 avant JC.
Fort occupés par les Guerres des Gaules, les Romains ne poursuivent leur expansion vers l'intérieur des terres illyriennes qu'entre -13 et 9 après JC. La province romaine Illyricum est divisée en deux, la Pannonie et la Dalmatie qui correspond approximativement aux frontières actuelles de la Bosnie-et-Herzégovine.
La Dalmatie obtient le statut de province impériale en l'an 10 et choisit la ville de Solin comme capitale (actuellement en Croatie).
La fin de l'Empire romain d'Occident
Les Romains restent maîtres de ces régions jusqu'au 4ème siècle lorsque les invasions successives des Wisigoths et des Ostrogoths mettent fin à une longue période de paix à la faveur de l'affaiblissement et de la division de l'Empire romain. Les peuples germaniques et les Huns occupent donc les Balkans et poursuivent leurs invasions, s'emparant de Rome en 410. L'Empire romain d'Occident s'effondre et le dernier empereur, Romulus Augustule, est destitué en 476.
Cette situation profite à l'Empire byzantin et l'empereur Justinien poursuit une politique d'expansion en s'appuyant sur deux de ses généraux, Narsès et Bélisaire qu'il charge de reconquérir les territoires occupés par les peuples germaniques.
C'est ainsi qu'en 535, le général Bélisaire reprend la partie sud de la Dalmatie (l'actuelle région Herzégovine) tandis que la Pannonie et le nord de la Dalmatie tombent aux mains des Lombards qui convoitent l'Italie.
La période slave
Les Lombards quittent donc la contrée laissant la place aux Avars, une peuplade turque, qui poursuivent leurs invasions en Europe, s'emparant et ravageant de nombreux territoires dont la Dalmatie en 569. S'alliant aux Perses sassanides, les Avars vont tenter de s'attaquer à l'empire byzantin mais seront vaincus devant Constantinople en 626.
Cette défaite marque le début de l'effondrement de l'empire avar qui ne peut résister aux attaques des peuples Slaves organisés en royaumes en Europe centrale et de l'Est. Les Avars se retranchent en Hongrie mais finissent par être englobés par les Francs au début du 9ème siècle.
Entre-temps, les Slaves se sont emparés des terres abandonnées par les Avars. Les Croates occupent le sud-ouest du pays tandis que les Slavons s'installent au nord et au sud-ouest et les Sorabes au centre et à l'est. C'est à cette époque que le mot « serbo-croate » servant à désigner la langue slave est utilisé.
Le banat de Bosnie
Les différentes principautés slaves vont tenter de s'allier avec les grandes puissances qui se partagent le monde et la Bosnie-et-Herzégovine se retrouve scindée en deux, partagée entre l'Empire byzantin et la Hongrie lorsque le roi Béla II envahit la Bosnie. Son héritier Ladislas II de Hongrie reçoit le titre de ban de Bosnie en 1136.
En raison de leur éloignement et du relief accidenté de leur montagnes, les régions de la Bosnie-et-Herzégovine gardent une grande autonomie vis-à-vis de l'empire de Byzance et du Royaume de Hongrie. C'est ainsi que lorsque Byzance annexe les territoires bosniaques appartenant à la Hongrie en 1166, l'empereur choisit de nommer le Bosnien Kulin à la tête du banat de Bosnie.
Le ban Kulin va cependant changer de camp 20 ans plus tard et demander l'aide de la Hongrie pour attaquer l'Empire byzantin, avec l'appui des Serbes.
En 1189, une charte est signée afin de définir les frontières de la Bosnie formées par la Drina, la Save et l'Una et les accords commerciaux conclus avec la république de Dubrovnik (ou de Raguse) qui s'était libérée du joug byzantin. Cette « charte de Kulin » est considérée comme le premier acte d'indépendance du pays.
Les conflits de religion
Kulin est également connu pour avoir participé au développement de la religion bogomiliste, un mouvement chrétien hétérodoxe fondé par le pope bulgare Bogomil et qui se singularise par une doctrine dualiste et par un rejet des autorités constituées. Les Serbes bogomiles persécutés pour hérésie dans leur pays sont accueillis par le ban Kulin, un choix qui va se répercuter dans l'identité culturelle du pays.
De plus, les Hongrois qui ne parviennent pas à contrôler complètement la Bosnie va profiter de la situation pour l'accuser de représenter un danger pour la papauté. Le Ban Kulin et ses proches doivent reconnaître leurs erreurs et se tourner vers l’Église catholique romaine.
Son successeur et fils suivra la même voie que lui , imposant le catholicisme comme religion officielle de la Bosnie. Il fut destitué et remplacé par un noble qui devient ban Ninoslav en 1232 par les chefs religieux du pays qui ne voulaient pas être contrôlés par Rome.
Au même moment, le Roi de Hongrie offre, avec le soutien du pape Grégoire IX, le banat de Bosnie à Coloman de Galicie, ancien Roi de Galicie-Volhynie et duc de Slavonie, de Croatie et de Dalmatie. Celui-ci devient donc le véritable ban de Bosnie un titre également convoité par l'héritier de la dynastie Kulinic, Sibislav, prince d'Usora.
Le pape nomme le grand maître de l'Ordre des Frères Prêcheurs (les futurs Dominicains) Johannes von Wildeshausen évêque de Bosnie en lieu et place de l'évêque d'origine bosniaque soupçonné d'hérésie.
L'évêque nouvellement élu et Coloman de Galicie mènent alors une croisade en Bosnie, mettant le pays à feu et à sang. Au terme de celle-ci, cousin de Ninoslav et fervent catholique, Prijezda devient le ban choisi par Coloman mais ce dernier doit finalement se retirer de Bosnie en 1241 lorsque les Tatars d'origine turque envahissent l'Europe orientale et envahissent notamment la Hongrie. Ninoslav profite de la situation pour reprendre les rênes du pouvoir et pour rétablir la paix avec la Hongrie.
Après sa mort, le pays est l'objet d'une importante querelle du pouvoir et deux dynasties s'affrontent, d'un côté les Kotromanic (descendants de Prijezda) et les Subic, une lignée croate qui se proclame seigneurs de Bosnie en 1299. L'enjeu est non seulement politique mais également religieux, les Subic souhaitant chasser les Bogomiles de Bosnie et les Kotromanic qui accueillent les hérétiques dans leurs rangs.
Le Royaume de Bosnie
Finalement, le banat est cédé par les Subic en 1320 aux Kotromanic qui se convertissent au catholicisme afin d'offrir la paix au pays. En 1377, le ban Stefan Tvrko se fait couronner et devient le premier roi de Bosnie. Il revendique également la couronne de Serbie mais le titre « Bosnae et Serbieae regibus » restera purement théorique. En réalité, il ne parviendra jamais à prendre le pouvoir de ce pays mais en revanche, il agrandira un peu le royaume de Bosnie.
Le Duché d'Herzégovine
Après la mort de Tvrko 1er, le pays va à nouveau s'affaiblir et les seigneurs de Zachlumie occupant la terre de Hum dans le sud-ouest du pays vont en profiter pour se placer sous la protection du Herzog (duc) Stefan Vukčić. Celui-ci refuse alors l'autorité du roi catholique bosniaque Étienne-Thomas ce qui déclenche une guerre civile au terme de laquelle, le duc conserve ses terres qui prennent le nom d'Herzégovine pour la première fois en 1448 (terres du duc) et qui seront par la suite annexée à la Serbie.
L'époque ottomane
Le pays tel que nous le connaissons maintenant est donc divisé lorsqu'en 1463, les Turcs ottomans envahissent notamment le royaume de Bosnie et le duché d'Herzégovine. Le dernier roi bosniaque, Étienne Tomaševič capitule et est exécuté sur ordre du Sultan.
Les terres bosniaques et herzégovines sont regroupées dans le sandjak de Bosnie lui-même intégré au pachalik (territoire gouverné par un pacha) de Roumélie qui comprend alors l'ensemble des territoires balkaniques appartenant aux Ottomans.
Lorsque la Roumélie est scindée en plusieurs parties vers la fin du 16ème siècle, la Bosnie devient elle-même un pachalik composé de 7 sandjaks. Outre les territoires de l'actuelle Bosnie-et-Herzégovine, le pachalik de Bosnie comprend une partie de la Croatie, de la Serbie et du Monténégro.
Au 18ème siècle, les Ottomans doivent faire face successivement à la guerre vénéto-austro-ottomane (1714 à 1718) et à la guerre austro-turque (1735 à 1739). Les traités qui mettent un terme à ces deux conflits modifient les frontières des différentes puissances en jeu. Après avoir été brièvement annexés par les Autrichiens entre les deux guerres, les terres bosniaques redeviennent ottomanes.
L'occupation ottomane a pour conséquence l'islamisation d'une grande partie de la population et la prolifération de mosquées et d'écoles coraniques dans tout le pays ce qui déplaît aux paysans qui sont demeurés chrétiens et qui ne peuvent ni accéder aux hautes fonctions ni étendre leurs terres. Les grandes propriétés terriennes appartiennent toutes aux convertis.
Cette situation va déboucher sur des révoltes dans les années 1830 et 1870. Parallèlement, les Ottomans doivent essuyer de nouvelles attaques de la part de la Serbie et du Monténégro qui réclament respectivement la Bosnie et l'Herzégovine. Ce conflit d'abord limité territorialement va finalement aboutir à une nouvelle guerre suite au massacre des populations par les « bachi-bouzouks » (mercenaires turcs) et à l'intervention de la Russie et de l'Autriche-Hongrie.
L'empire ottoman doit en même temps régler les conflits internationaux et tenter de ramener le calme à Constantinople, sa propre capitale, en raison de plusieurs coups d'état.
L'Autriche-Hongrie
En 1877, la Russie attaque les Turcs sur deux flancs à la fois, dans le Caucase et dans les Balkans. En six mois, ils parviennent à faire plier les Ottomans qui réclament un armistice en janvier 1878.
le traité de San Stefano redistribue les territoires balkaniques. La Bosnie-et-Herzégovine obtient l'autonomie au détriment de l'Autriche-Hongrie puisque ces territoires lui avaient été promis par la Russie. Les clauses du traité de San Stefano octroyant une trop grande puissance aux Russes sont balayées par un nouveau traité signé durant le Congrès de Berlin.
La Bosnie-et-Herzégovine est annexée officiellement par l'Autriche-Hongrie en 1908. La France, l'Italie et le Royaume-Uni obtiennent également plusieurs territoires importants ce qui provoque la colère de la Russie mais également de la Serbie qui a pour ambition d'annexer l'ensemble des territoires slaves.
Les frontières de l'Europe sont totalement chamboulées et les cartes sont redistribuées à la veille de la Première guerre mondiale.
Les guerres mondiales, naissance de la Yougoslavie
Le 28 juin 1914, Sarajevo est le théâtre de l'assassinat de l'archiduc François Ferdinand, prince héritier de l'Empire austro-hongrois venu assister aux manœuvres de l'armée en Bosnie, et de son épouse Sophie. L'Autriche-Hongrie déclare aussitôt la guerre au Royaume de Serbie mettant ainsi en marche le processus du conflit international.
A l'issue de la Première guerre mondiale, la dynastie des Habsbourg s'effondre et l'Autriche-Hongrie est morcelée. Les Slovènes, les Croates et les Serbes se réunissent en un seul état représenté par le comité yougoslave chargé de défendre les intérêts des Slaves du sud de l'ancien empire.
Le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes qui comprend la Serbie, le Monténégro, la Voïvodine, la Bosnie-et-Herzégovine, la Croatie et la Slovénie devient Royaume de Yougoslavie en 1929.
En raison des disparités entre les différents peuples, des tensions apparaissent rapidement au sein du Royaume qui devient une véritable dictature.
C'est dans un contexte difficile et des tensions entre « pro-alliés » et « pro-Axe » que débute la Seconde guerre mondiale. Hitler en route pour la Grèce franchit les frontières yougoslaves en avril 1941 marquant ainsi la fin de la neutralité du pays, son démantèlement et son partage.
La Bosnie-et-Herzégovine est rattachée à l’État indépendant de Croatie aux mains des Oustachis, membres d'un mouvement séparatiste, antisémite et fasciste soutenus par les nazis. Les Serbes, les tziganes et les Juifs résidant en Croatie et en Bosnie-et-Herzégovine sont massacrés ou déportés dans des camps de concentration.
A la fin de la guerre, les Oustachis qui ne parviennent pas à fuir le pays sont livrés aux communistes qui les exécutent sans plus ample forme de procès.
En 1945, le maréchal Tito perçu comme un libérateur prend le pouvoir de la Yougoslavie qui devient République fédérative populaire de Yougoslavie (et République fédérative socialiste de Yougoslavie à partir de 1963), un état communiste mais totalement indépendant de la Russie.
La Yougoslavie regroupe à cette époque six Républiques, la Bosnie-et-Herzégovine, la Croatie, la Macédoine, le Monténégro, la Serbie et la Slovénie.
La fin de la Yougoslavie et l'indépendance
Ces républiques vont vouloir sortir de la fédération après la mort de Tito, en 1980 et différents mouvements nationalistes voient le jour.
Pendant les années 1990, les guerres de Yougoslavie éclatent, alimentées par les différences de langue, de religion et de culture des républiques fédérées. Elles seront particulièrement meurtrières et provoqueront une vague migratoire d'envergure. A l'origine, le conflit concerne la Serbie et la Croatie mais la Bosnie-et-Herzégovine reconnue indépendante en 1992 entre très vite en guerre.
Les accords de Dayton en date du 14 décembre 1995 mettent un terme à une guerre qui aura fait plus de 150.000 victimes dont une majorité de civils en trois ans.
La Bosnie-et-l'Herzégovine est partagée entre la Fédération de Bosnie-et-Herzégovine et la République serbe de Bosnie et une force internationale est détachée dans le pays afin de surveiller la mise en place des accords.
Régime politique
La Bosnie-et-Herzégovine est une République fédérale multi-partite à régime parlementaire.
Le pouvoir exécutif est confié au gouvernement dirigé par la Présidence et le Conseil des ministres. Le Haut représentant international en Bosnie-Herzégovine (actuellement Valentin Inzko) exerce actuellement le plus haut pouvoir dans le pays et peut prendre des décisions ou annuler des décisions prises par le Parlement. Il doit cependant rendre des comptes au Conseil de sécurité des Nations-Unies.
La présidence est constituée de trois membres représentant les trois nationalités du pays : un Bosniaque (actuellement Bakir Izetbegovic) et un Croate (Dragan Coviv) élus par les habitants de la Fédération et un Serbe (Mladen Ivanic). Ils sont tous les trois élus pour quatre ans et exercent le pouvoir à tour de rôle pendant 8 mois.
Le pouvoir législatif est exercé conjointement par le gouvernement et par le parlement composé de la Chambre des représentants et de la Chambre des peuples.
Le pouvoir judiciaire est assuré par la Cour constitutionnelle et la Cour de Bosnie-Herzégovine.
Une économie qui peine à se redresser
Malgré un taux de croissance stable à l'heure actuelle, l'économie de la Bosnie-et-Herzégovine souffre toujours des années de guerre et le chômage reste très élevé, atteignant plus de 40% de la population.
Depuis 2014, le pays a demandé son adhésion à l'Union européenne et des efforts considérables ont été réalisés afin de redresser l'économie et de diversifier les ressources, notamment grâce aux investisseurs étrangers et au tourisme. Des réformes sociales, politiques et économiques financées en partie par le FMI ont déjà été entreprises.
L'agriculture (maïs, fruits, légumes et bétail) qui est largement privatisée ne représente que 8% du PIB du pays qui doit importer une grande partie de ses besoins en produits alimentaires.
Le secteur tertiaire (commerce, transport et construction) représente approximativement 65% du PIB tandis que l'industrie (métallurgie, bois, produits chimiques, textile, ...) y contribue pour 27%.
Une grande diversité culturelle
La population totale de la Bosnie-et-Herzégovine dépasse les 3.800.000 habitants mais l'accroissement naturel est négatif en raison d'un taux de fécondité de 1,28 enfant par femme.
Durant la plus grande partie de son histoire, le pays a souffert de tensions inter-ethniques et religieuses, voire d'extermination. La politique de « purification ethnique » qui a été menée de la fin du 19ème siècle jusqu'au lendemain de la seconde guerre mondiale ainsi que pendant les guerres de Yougoslavie a provoqué de nombreux déplacements de populations et des regroupements ethniques par régions. On estime que trois millions de personnes ont été déplacées volontairement ou par la force dans l'intérieur du pays et que plus d'un million et demi de personnes ont trouvé refuge à l'étranger. Plus de 300.000 habitants ont également été tués, parfois simplement parce qu'elles faisaient partie d'une famille mixte.
La Bosnie-et-Herzégovine est peuplée par trois grands groupes ethniques, les Bosniaques qui représentent un peu plus de la moitié de la population totale, les Serbes (31%) et les Croates (15%).
Ces chiffres restent cependant approximatifs car le gouvernement refuse de réaliser un recensement qui pourrait confirmer le nettoyage ethnique subi par la population.
Les Bosniaques et les Croates vivent essentiellement dans la Fédération tandis que les Serbes occupent la République serbe de Bosnie.
Les trois communautés se différencient également par leur religion. Les Bosniaques sont majoritairement musulmans, les Serbes sont pour la plupart chrétiens orthodoxes et les Croates sont majoritairement chrétiens catholiques.
Et si tous ont la même langue officielle, le Bosnien-croate-monténégrin-serbe connu sous l'abréviation BCMS, les habitants de la Bosnie-et-Herzégovine parlent bosnien, croate ou serbe selon leur appartenance communautaire. Ces différentes langues parlées sont cependant très proches et ne se différencient que par quelques notions lexicales. En revanche, si les Croates et les Bosniaques utilisent l'alphabet latin, les Serbes utilisent généralement l'alphabet cyrillique serbe dérivé de l'alphabet russe et l'alphabet latin serbe.
Toutes ces différences religieuses, culturelles et ethniques se retrouvent dans la cuisine qui a subi également des influences austro-hongroises, slaves et turcs, témoins de son histoire mouvementée. Yaourts, feuilles de vignes, chaussons fourrés de viande ou de fromage appelés bureks, pitas se retrouvent régulièrement au menu.
Les plats typiques de la Bosnie-et-Herzégovine sont à base de viandes ou de poissons grillés, parfois en brochettes. Les légumes sont relativement rares avec seulement des salades en été et des soupes en hiver.
Les boissons préférées de la population sont des produits à base de lait fermenté (yaourts ou kéfirs) et le café turc, fort et épais. Les non-musulmans apprécient également la bière, le raki et les eaux de vie aux fruits.
Tourisme
Malgré sa volonté de s'ouvrir au tourisme, des tensions inter-communautaires sont encore vivaces en Bosnie-et-Herzégovine. Il est conseillé aux touristes de s'abstenir de prendre position pour l'une ou l'autre communauté.
La plus grande vigilance est recommandée lors des déplacements dans les zones frontalières et plus généralement dans les zones non urbaines en raison de la présence de nombreux secteurs qui n'ont pas encore été déminés.
La criminalité est relativement basse dans le pays mais on déplore des actes de petite délinquance, pickpockets, vols dans les voitures .... visant les touristes.
Le tourisme non organisé (randonnées, activités nautiques non surveillées.... ) présente de nombreux risques en raison de la présence d'animaux sauvages (ours, loups, serpents, chiens sauvages) dans la forêt ou dans les campagnes isolées, du risque de noyade dans les cavités souterraines et de la présence de mines.
Les touristes dont le séjour est d'une durée inférieure à trois mois peuvent circuler avec un passeport ou une carte d'identité en ordre de validation.
La Bosnie-et-Herzégovine n'offre pas encore une infrastructure de premier ordre aux touristes mais se développe rapidement depuis que le pays est en paix.
Les amateurs de randonnées et de nature sont tout autant conquis que les passionnés d'histoire et de patrimoine architectural.
Des grands espaces encore à l'état sauvage au charme des villages en passant par la puissance des forteresses et des châteaux et la diversité des églises, mosquées et synagogues, la Bosnie-et-Herzégovine est à l'image de son histoire, multiculturelle.
A ne pas manquer : le lac artificiel de Jablanica, l'extraordinaire ville de Mostar inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO et qui doit son architecture turque à sa situation géographique sur l'ancienne frontière de l'empire ottoman, la vieille ville fortifiée de Trebinje, sans oublier la capitale Sarajevo qui a réussi à renaître de ses cendres après la guerre.
Enfin, l'unique station balnéaire du pays, Neum attire les touristes à la recherche de la douceur du climat méditerranéen et d'activités nautiques.