Points ou centres d'intérêts
Entre l'Aar et les Alpes
Berne se trouve au nord des Alpes à environ 30 kilomètres de la chaîne montagneuse. Les deux sommets les plus proches de la ville sont le Bantiger qui culmine à 947 mètres d'altitude et le Gurten à 858 mètres. Elle a été bâtie sur une péninsule du plateau suisse et est traversée par l'Aar, affluent du Rhin de 388 kilomètres de long prenant sa source dans l'Aar-Gothard, massif montagneux. Afin que la ville puisse s'étendre au-delà de ses frontières naturelles, plusieurs ponts furent construits sur l'Aar. Le climat y est semi-continental : les étés sont chauds et humides, les hivers froids et neigeux. La ville est peuplée de 124 381 habitants. 353 462 habitants vivent dans l'agglomération bernoise, et ce chiffre s'élève à 660 000 pour la région métropolitaine. La ville est constituée de six arrondissements administratifs, les Stadtteile, eux-mêmes divisés en quartiers, les Quartiere.
Berne, ville puissante
Berne se trouvait au cœur du Saint-Empire romain germanique, territoire politique d'Europe centrale qui subsista de 962 à 1806. L'Empereur en fit une ville libre de l'Empire en 1218, après qu'une dynastie s'y soit éteinte, laissant Berne sans héritier. En 1352, Berne se rattache à la Confédération suisse, état indépendant créé en 1291 après s'être affranchi du Saint-Empire. Berne fait alors partie des VII cantons de la fédération. La ville fut détruite par un incendie en 1405, et ce sont les bâtiments de sa reconstruction en molasse qui nous sont parvenus aujourd'hui. En 1831, la ville prend la tête du canton de Berne, et accueille le gouvernement fédéral du pays dès 1848.
Les fontaines allégoriques de Berne
La ville de Berne est réputée pour ses fontaines publiques. Elle en compte en effet plus de 100, dont onze sont décorées de sculptures allégoriques de la Renaissance. Ces fontaines furent aménagées afin d'approvisionner la ville en eau. Dix des fontaines du XVIème siècle furent conçues par le sculpteur Hans Gieng, de Fribourg. La fontaine Laüfer se trouve près de l'église Nydegg. Sa sculpture date de 1545, elle comportait une colonne qui fut remplacée au XVIIIème par un pilier carré. La Gerchtigkeitsbrunnen fontaine représente une allégorie de la Justice, sous laquelle se trouvent le Pape, un Sultan, l'Empereur et le Maire de la ville. Celle du Vennerbrunnen représente, devant l'ancien hôtel de ville, le Venner, responsable militaire du XVIème. Deux fontaines s'inspirent des scènes de l'Ancien Testament. Une fontaine au bassin de style Louis XIV est surmontée d'une sculpture de Moïse présentant les Dix Commandements aux tribus d'Israël. Une autre représente l'épisode biblique de Samson tuant le lion. La fontaine Zähringer rend hommage à Berchtold von Zähringer, fondateur de Berne. La fontaine Anna Seiler célèbre la fondatrice du premier hôpital de la ville. Enfin, la fontaine de Kindlifresserbrunnen est ornée de la statue d'un ogre prêt à dévorer un sac d'enfants, inspirée des traditions orales suisses et allemandes.
La Tour de l'Horloge, joyau de l'horlogerie suisse
Le paysage urbain de Berne est marqué par une tour emblématique : la Tour de l'Horloge, Zytglogge en dialecte bernois. Cette tour est ornée d'une horloge astronomique qui fut conçue au XVIème siècle. Son cadran rotatif marque les signes du zodiaque, tandis qu'une boule noire et or y montre les déplacements du soleil. La position de la lune est indiquée par la main de l'Horloge.
Un personnage haut de 2,5 mètres datant de 1530 fait résonner une cloche toutes les heures : il s'agit du jacquemart de l'horloge. Un mécanisme de carillon se met en place quatre minutes avant chaque heure pleine. Un bouffon frappe plusieurs petites cloches, indiquant l'heure qui approche. Pendant ce temps, sept ours qui représentent les jours de la semaine entament une ronde. A l'heure pleine, plusieurs personnages indiquent le nombre de coups : un homme botté remue le visage et un lion secoue la tête. Un coq mécanique accompagne l'ensemble du carillon.
Lieu de pouvoir de Berne : la place fédérale et son palais
La Bundesplatz, place fédérale de Berne se trouve en plein cœur de la ville médiévale. Une partie de cette place, à l'ouest, a été bâtie sur ce qui fut autrefois les fossés protégeant les enceintes de la ville. Elle fut aménagée en 1765 entre le Ballet et le centre de gestion des forêts. Ces deux bâtiments furent plus tard sacrifiés afin d'augmenter la taille de la place. Niklaus Hebel y planta des tilleuls et créa une balustrade donnant sur l'Aar. La place fut entièrement réaménagée au XXème et inaugurée le jour de la fête nationale suisse, le 1er août 2004.
Le Palais Fédéral trône aujourd'hui sur la Bundesplatz. L'aile ouest fut inaugurée le 5 juin 1857, il s'agissait autrefois de l'Hôtel du gouvernement. Le Conseil fédéral s'y rend désormais pour y tenir ses séances hebdomadaires. Le palais actuel fut conçu par l'architecte Hans Wilhelm Auer. L'édifice de 3742m² est compris entre l'aile ouest et une aile construite entre 1888 et 1892. Son architecture témoigne du courant historiciste typique du XIXème. Le palais, construit en grès d'Ostermundigen, comporte de nombreux éléments néoclassiques et néo-renaissance.
La collégiale Saint-Vincent de Berne, bijou protestant
Haut-lieu protestant, Berne possède l'édifice religieux le plus haut de Suisse. Il s'agit de la collégiale Saint-Vincent de Berne, ornée d'une tour de plus de 100 mètres. Son saint patron est Vincent de Saragosse, diacre et martyr espagnol du IVème siècle de notre ère. C'est sous sa protection que les travaux furent entrepris le 11 mars 1421, sur le site d'une chapelle romane de 1276. La collégiale fut bâtie autour de cette petite église. Le maître d'ouvrage Mathieu Ensinger créa un type de tour nouveau. La base externe de la tour est composée de trois voûtes au lieu d'une seule. Le sculpteur Erhart Küng tailla le portail et les décorations du hall principal, emblématiques du style gothique. Les chantiers furent perturbés en 1521 lorsqu'on constata que les fondations n'étaient pas suffisamment stables. La tour sera seulement achevée en 1893, ce qui explique son caractère composite, entre gothique et néo-gothique. L'autel-majeur de la collégiale est en marbre noir, il provient de la cathédrale de Lausanne. Le grand orgue remonte au XVIIIème siècle, tandis que l'orgue de choeur, en nid d'hirondelle, est inspiré des instruments du XVème siècle. Les vitraux du cœur comprennent des échantillons du XVème siècle. Enfin, le grand bourdon fut coulé en 1611, et le clocher détient la plus lourde sonnerie de cloches du pays, pour un poids total de 31,3 tonnes.
La fosse aux ours
L'ours est l'emblème de Berne depuis la fondation légendaire de la ville. En 1513, les Suisses gagnèrent la bataille de Novare qui les opposaient aux Français. Le chroniqueur Valerius Anshelm raconte que les Suisses victorieux rentrèrent au pays avec une prise de guerre étonnante : un ours vivant. Plusieurs fosses aux ours virent alors le jour dans la ville, se succédant les unes aux autres au rythme des réaménagements et rénovations. Une fosse aux ours moderne fut créée en 1857 et agrandie en 1925. Elle fut néanmoins abandonnée en 2009 afin d'ouvrir le Bären Park, qui offre de meilleures conditions de vie aux animaux. La femme de Dimitri Medvedev, ancien président russe, a offert à la ville plusieurs des ours qui y vivent aujourd'hui.
La Maison d'Einstein, berceau de la relativité
Albert Einstein émigra en Suisse à l'âge de 16 ans. Il intégra l'école polytechnique fédérale de Zurich en 1896. C'est à Berne qu'il fut fonctionnaire de l'office des brevets à partir de 1902. Il emménagea alors au 49 Kramgasse, près de la Tour de l'Horloge. Pendant ses loisirs, il élabora dans son appartement du deuxième étage certaines des théories les plus importantes de la physique moderne. C'est donc à Berne que furent publiées la fameuse loi E=mc2, la théorie de la relativité restreinte, la théorie du mouvement brownien et une explication de l'effet photoélectrique. L'appartement d'Albert Einstein est désormais accessible. Ce musée a recréé l'atmosphère de l'endroit à l'époque où le physicien y vivait et expose plusieurs documents intéressants.
Le centre Paul Klee : oeuvres et curiosités
Paul Klee, artiste expressionniste et professeur au Bauhaus, est né à Berne en 1879. Ce théoricien de l'art moderne a réalisé 10 000 œuvres au cours de sa vie. 4000 de ces tableaux et croquis sont exposés au centre Paul Klee de Berne, soit presque la moitié de l'oeuvre de l'artiste. L'édifice fut conçu par l'architecte Renzo Piano, qui lui donna une forme sinueuse en hommage aux préceptes du peintre. Les lignes du bâtiment s'accordent avec les collines qui le bordent, et présentent de nombreuses caractéristiques du style high tech de Renzo Piano.
Mais le musée ne recèle pas que les tableaux et dessins aux signes mystérieux typiques du peintre contemporain. Des œuvres de Kandinsky, Franz Marc et Alexej von Jawlensky sont également exposées : il s'agit de cadeaux des peintres à leur ami Paul Klee. Le musée comprend des supports de cours du Bauhaus, donnant un aperçu des classes du professeur réputé. On y trouve par ailleurs des manuscrits de l'artiste, des textes biographiques et des photographies. De nombreux objets personnels confèrent au musée une ambiance particulièrement dense. Les marionnettes que le peintre fabriqua pour son fils émerveillent les visiteurs par leur charme étrange, tandis qu'on pourra détailler la collection de végétaux et de minéraux qui inspirèrent fortement l'oeuvre de Klee : coquillages, pierres et plantes séchées y sont exposées.
Rédacteur :
Anne Chabot
