Points ou centres d'intérêts
Les bouches du Kotor, un paysage unique
Boka Kotorska est une baie que l'on appelle communément le fjord de Méditerranée. C'est en fait un estuaire ramifié, vestige du fleuve de Bokelj qui descendait des hauts plateaux du Mont Orjen. Classées au patrimoine mondial de l'UNESCO, les bouches du Kotor sont ainsi composées de quatre baies : Kotor, Perast, Tivat et Risan, toutes reliées entre elles par des canaux naturels. Ces bouches sont longées de petits villages aux bâtisses imprégnées d'histoire. Perast, Risan et Prcanj sont de petits bourgs au bord de l'eau où il est agréable de s'arrêter quelques heures afin de déguster tranquillement un poisson et de profiter de la vue. Mais là où la ville de Kotor est la plus impressionnante, c'est par ses remparts et ses montagnes de 1000 mètres de haut, qui la préservent tel un bijou dans son écrin.
Un climat particulier, humide l'hiver, très sec l'été
Le Monténégro est un petit pays avec une superficie de seulement 13 812 km² et environ 620 000 habitants. Bordé par la mer Adriatique, il est frontalier de la Serbie, du Kosovo, de l'Albanie et de la Bosnie-Herzégovine. Situé dans les Balkans, le pays s'étend des montagnes qui viennent de l'intérieur des terres se plonger brusquement dans la mer, dans les bouches du Kotor. Cette région au nord du pays se situe entre le climat méditerranéen et une zone climatique sous-tropicale. Avec sa topographie plus que particulière, la région est l'une des plus humides d'Europe. Les précipitations tombent majoritairement en novembre, avec un mois d'août très sec, provoquant régulièrement des incendies en forêt.
Un héritage historique, creuset des cultures européennes
L'histoire de cette région date de l'Antiquité et de nombreux vestiges de l'époque médiévale donnent à Kotor un charme pittoresque. On y trouve aussi de très nombreuses églises orthodoxes et catholiques, ce qui fait de la région un lieu de pèlerinage très couru parmi les croyants. Kotor, comme tout le Monténégro, a un passé tumultueux qui reflète tous les conflits de la constitution de l'Europe depuis l'Antiquité. Fortifiée depuis le Haut Moyen-Age, Kotor mentionnée pour la première fois en 168 avant J.C., portait alors le nom d'Acruvium et fut l'une des cités les plus influentes de Dalmatie à l'époque romaine. Conquise par la Bulgarie, puis la Serbie, elle devient ensuite la propriété de la Bosnie médiévale. Mais la défaite de la Serbie face à l'empire ottoman à la fin du 14ème siècle a mis Kotor sous le joug de l'état de Venise (dont en voit encore l'héritage architectural). Elle fut pratiquement détruite par deux tremblements de terre 1563 et 1667. A partir de la fin du 17ème siècle, toute la zone finalement reprise aux Turcs portera le nom d'Albania Venetia. Au début du 19ème siècle cependant, toute la région fut conquise par Napoléon et plus tard incluse dans les provinces illyriennes de l'empire français. C'est en 1813 que la région fut reconquise par son peuple, avec l'aide des Russes. Mais l'aventure ne s'arrête pas là. Dès 1815, c'est l'empire autrichien qui l'intègre dans sa province de Dalmatie. Les péripéties continuent, avec comme étapes significatives la fondation de la Yougoslavie en 1929 et la création du Monténégro tel que nous le connaissons à la fin de la seconde guerre mondiale.
La découverte d'une vieille-ville médiévale
On se promène dans la ville au sein de rues étroites, parsemées de squares et d'églises, dont l'architecture globale est très imprégnée de la culture italienne. Kotor possède l'une des cités médiévales les mieux préservées de toute la région de l'Adriatique. C'est d'ailleurs un espace reconnu et protégé par l'UNESCO. A l'intérieur, on peut y découvrir la cathédrale de Saint Tryphonin, construite en 1166 et les anciennes murailles qui s'étendent sur 4.5 kilomètres. L'église de Saint Luc (Sveti Luka), datant du XIIIème siècle, celle de Sainte Anne (Sveti Anna) du XIIème siècle ou celle de Sainte Marie (Sveta Maria) du XIIIème siècle vous feront découvrir la richesse culturelle d'une ville partagée entre catholiques et orthodoxes. Toujours dans le centre de la ville, vous pourrez apprécier le Palace du Prince (érigé au XVIIème siècle) ainsi que le théâtre construit à l'époque de la domination napoléonienne sur la ville. Ne manquez pas non plus l'ascension vers la forteresse Saint-Jean et l'église perchées sur les hauteurs de la ville. Il existe aussi de nombreuses sociétés qui proposent des mini-croisières parcourant toute la baie du Kotor, et parfois jusqu'à d'autres pays du pourtour méditerranéen.
De nombreux célébrations et fêtes tout au long de l'année
Les grandes fêtes à Kotor sont souvent liées à la pratique de la religion chrétienne, notamment avec le Noël orthodoxe ou le vendredi saint, mais beaucoup d'autres célèbrent le folklore de la région. En janvier, le jour de la Saint Tripun tire ses origines du IXème siècle. Le protecteur de la cité, Sveti Tripin est célébré en face de la cathédrale. Danses, processions, folklores permettent d'apprécier l'engouement des locaux et les traditions de la région. Le festival des mimosas, créé il y a environ trente ans et qui dure plusieurs semaines chaque année célèbre la fleur, avec de nombreux déguisements, majorettes, et caravanes remplies de fleurs.
Pour le carnaval (Bokeljska Noć), en association avec la ville de Budva, la ville accueille la fédération du carnaval des villes européennes. En avril, c'est la musique qui est à l'honneur avec le festival des jeunes musiciens, l'équivalent de la fête de la musique française, avec un accent mis sur la pratique de la jeunesse.
Au mois de mai, on fête une nouvelle fois les fleurs, avec «le jour des Lilas», une tradition remontant au Moyen-Âge en l'honneur d'Hélène d'Anjou. L'été enfin, les festivals se multiplient avec celui du cinéma du monde sous-marin, du théâtre pour enfants. Les soirs d'été de la ville s'emplissent de musique classique et contemporaine, ainsi que la nuit de la Boka, qui comporte un défilé de bateaux en compétition pour élire le plus beau, alors que les différents quartiers, sublimés d'installations lumineuses, vivent une nuit blanche. Un feu d'artifice marque le bouquet final de cette nuit animée, appréciée des touristes. Enfin, pour les amateurs de musique folklorique on retrouve à la fin de l'été une musique particulière liée au percussions, spécifique aux régions de l'Adriatique. Des musiciens de Croatie viennent accompagner ceux du Monténégro, pour partager l'expression de leurs traditions les plus anciennes.
Une gastronomie d'Europe centrale, imprégnée de culture méditerranéenne
En ce qui concerne la cuisine, vous pourrez initier vos papilles à de nouvelles saveurs, avec des plats souvent très nourrissants. Goûtez ainsi le Kacamak, plat au fromage avec une variante aux pommes de terre ou le Cicvara, à base de pommes de terres et de lait bouilli, qui fond littéralement dans la bouche. On retrouve aussi à Kotor beaucoup de plats habituels des Balkans, notamment à base de viande bouillie, comme le Japraci qui s'accompagne notamment de poivrons farcis, riz pilav, feuilles de vignes... Pour la viande, l'agneau au lait ainsi que ses saucisses sont très réputées, tout comme le jambon fumé, comparable à celui qu'on trouve en Italie.
En terme de boissons, on peut déguster de la bière Niksic, du rakija (sorte de brandy), au goût légèrement plus aromatique que la vodka russe, qu'on déguste en savourant des mezze ou des fruits. Le Vranac, le vin, est produit à partir d'une espèce de raison très sombre, récolté de la mi-septembre à la fin octobre. Conservé dans des barils de bois de noyer, ce vin très aromatique accompagne très bien les plats aux fromages.
A proximité de Kotor
Outre les nombreux vestiges historiques qu'on retrouve dans toute la région, vous pouvez quitter le bord de mer une journée pour vous rendre au parc national du lac de Scadar (Skadarsko), situé à Zeta (à 7 kilomètres de la côte). Entouré de montagnes, il se partage avec l'Albanie. Selon le niveau de l'eau, la taille de ce grand lac varie entre entre 530 et 370 kilomètres carrés. Il contient en son sein une des plus grandes réserves d'oiseaux d'Europe, avec 270 espèces différentes recensées, dont les derniers pélicans du continent. Parfait pour une jolie balade en famille ou en amoureux ! Avec la douceur de vivre méditerranéenne et la culture balkanique, on se promène à Kotor le cœur imprégné de toute l'histoire de l'Europe, qui l'a marquée à chacune des étapes de sa formation. Véritable trésor culturel, Kotor s'apprécie avec sa richesse lors d'un week-end romantique, et/ou en famille, afin de faire découvrir l'histoire d'une manière plus vivante aux enfants.
Rédacteur :
Anne Chabot
