Points ou centres d'intérêts
Ville perchée du Chiapas
San Cristobal de las Casas fut fondée dans une petite vallée encerclée par de nombreuses montagnes. Cerro Huitepec, San José Bocomtenelté, Cerro San Felipe, Cerro El Extranjero et Cero Cruz Carreta font partie des monts les plus hauts qui entourent la ville. Le climat y est tempéré, grâce à une altitude de 2 200 mètres. La déforestation a ravagé les bois environnants, mais on peut encore observer quelques petites forêts de pins et de chênes. Les rivières Amarillo et Fogotico parcourent la ville, et deux lacs, le Chapultepec et le Cochi constituent des réserves d'eau. Des vingt-cinq sources existant autrefois, seules douze demeurent, dont la moitié s'assèche en été. Les grottes de San Cristobal et de Rancho Nuevo se trouvent aux environs de la ville.
Centre politique au Mexique
Le colon espagnol Diego de Mazariegos fonda la Villa Real de Chiapa en 1528, au cœur de la vallée de l'Hueyzacatlan. Aucune ville précolombienne ne se trouvait sur le site où fut créée San Cristobal de las Casas. La ville servit de place forte aux Espagnols, après la défaite des Zoques et des Chiapans. En 1532, la ville fut rattachée au Guatemala et dirigée par Pedro de Alvarado. Le roi Carlos V donna à la ville son blason en 1535 et lui conféra le titre de cité un an plus tard. Dès 1577, San Cristobal fut responsable de la partie nord du Chiapas. En 1786, le territoire de la région fut agrandi et fusionna avec ceux de Tuxtla et de Soconusco. San Cristobal était le chef-lieu de cette nouvelle zone administrative. La ville soutint la déclaration d'indépendence du Guatemala en 1821, mais fut rattachée au Mexique en 1824.
Au XIXème siècle, la ville fut un bastion libéral, et subit les attaques des conservateurs en 1857, qu'elle parvint à repousser. San Cristobal, au XXème siècle, fut le théâtre des premières assemblées politiques de peuples autochtones. L'évêque de la ville, Samuel Ruiz, réunit plus de 300 tribus autour de son idée de théologie de la libération, qui visait à unir les indiens et à renforcer le catholicisme.
Le centre-ville, lieu de rencontre et de flânerie
Le centre historique de la ville se trouve sur la Plaza 31 de marzo, surnommée Zocalo par les habitants de San Cristobal. La place accueillait à l'époque coloniale le marché de la ville et la source d'approvisionnement en eau. Un kiosque du XXème siècle rend hommage, au milieu de la place, aux grands événements de la ville. L'hôtel de ville, le Palacio de Gobierno se dresse sur le Zocalo. Carlos Z. Flores le conçut au XIXème siècle. Ses arches reposant sur des colonnes toscanes en font un édifice typiquement néoclassique. Le soir, jeunes gens s'y rencontrent et s'y promènent.
La cathédrale de San Cristobal
Au nord de la Plaza 31 de marzo se trouve la cathédrale de la ville. Elle vit le jour en 1528, où l'on construisit une petite église consacrée à la Vierge de l'Assomption. Chiapas devint un diocèse au XVIIème siècle et l'église fut détruite afin d'accueillir la cathédrale de San Cristobal, vouée au saint patron de la ville. La façade de la cathédrale fut achevée en 1721, et témoigne des influences baroque, mauresque et indigène. Peinte en jaune, elle accueille des niches hébergeant des statues de saints. Le pupitre de l'église remonte au XVIème siècle, il est en bois et enluminé de dorures. Les habitants de San Cristobal viennent prier devant l'immense statue baroque de Jésus se trouvant derrière l'autel de la cathédrale.
Héritage dominicain de la ville
L'église de San Domingo fut construite au XVIème siècle par les Dominicains. Son monastère compte parmi les plus beaux édifices religieux du Mexique, réputé pour la finesse de l'exécution de ses stucs et de ses retables dorés. Le Temple de le Caridad au style baroque comprend un tableau particulièrement original, celui d'une Vierge de la Charité portant un bâton comme le ferait un général. Le complexe dominicain, en dehors de ses trésors d'art religieux, compte deux musées. Le Musée de l'Histoire de la Ciudad expose notamment un tabernacle d'argent très précieux. Le Centre culturel de los Altos offre à la vue des visiteurs de nombreux textiles produits par les différents peuples autochtone de la région.
San Cristobal, ville aux multiples églises
Plusieurs autres édifices religieux historiques émaillent la ville de San Cristobal. Le monastère La Merced fut érigé en 1537 selon les plans d'une forteresse. Des baraques y étaient réservés aux soldats, et un espace pouvait accueillir les habitants de la ville en cas d'attaque. Les fenêtres y faisaient office de meurtrières. Parmi les joyaux de l'église, on compte deux lions représentant la domination espagnole et des stucs floraux. Le Temple Carmen se démarque par son architecture originale en forme de « L ». Il est réputé pour ses panneaux de bois sculptés et son autel néoclassique. L'église de San Cristobal est perchée sur une colline : un escalier escarpé y mène. Elle offre une vue panoramique de la ville et des pèlerinages y ont lieu le jour de la San Cristobal. L'église de San Franciso fut érigée en 1577. Elle fut reconstruite au XVIIIème siècle autour d'une seule nef, et comprend quatorze tableaux de peinture à l'huile ainsi que six retables baroques. L'église de Guadalupe fut bâtie en 1834 en hommage à la Vierge de Guadalupe. Une statue de cette dernière peut y être vue dans la chapelle attenante. Depuis l'atrium, on jouit d'une vue extraordinaire sur la ville. Enfin, l'église Santa Lucia, de 1884, comporte un autel gothique aux éléments Art Nouveau, chose rare au Mexique.
Les musées historiques de San Cristobal
La Casa Na Bolom (maison du jaguar) était le foyer de Franz et Gertrude Blom au XXème siècle. Ce couple collectionna de nombreux trésors archéologiques du Chiapas, dont la plupart appartiennent à la Jungle Lacadon. Aujourd'hui, on peut visiter ce musée, dont les pièces sont demeurées en l'état d'origine. On y trouve également 10 000 livres traitant de l'histoire du Chiapas et un jardin botanique où il fait bon de se reposer.
Le Museo Mesoamericano del Jade recèle des trésors en jade des civilisations aztèques, toltèques, mayas, zapotèques et olmèques. Il accueille la réplique du tombeau de Pakal de Palenque, roi précolombien. Enfin, le musée des cultures populaires de Chiapas, sur la rue Diego de Mazariego met en avant les cultures indigènes de la région, s'assurant ainsi qu'elles ne tombent pas dans l'oubli.
Fêtes religieuses majeures
Plusieurs fêtes religieuses de grande ampleur ont lieu chaque année à San Cristobal de las Casas. Les processions de la semaine sainte y sont réellement magiques. Des hommes habillés de capuchons pointus se promènent dans la ville, portant des statues religieuses. Ils bénissent les maisons qui ont érigé de petits autels sur leur seuil. Leur procession se termine lorsqu'ils arrivent dans une grande maison, où un temple est recouvert de chandelles allumées. Des pièces de théâtre mettant en scène la Passion du Christ se déroulent sur la place derrière le Palais municipal. La nuit tombée, des figures de Judas sont brûlées. Leur signification est double : symboles de Judas Iscariote, elles représentent souvent également des bureaucrates officiels. Les visiteurs peuvent participer à toutes les célébrations qui ont lieu durant la semaine sainte.
La Feria de la Primavera y la Paz (du printemps et de la paix) se tient le samedi saint. Concerts et déguisements le ponctuent. On y élit une reine qui sera couronnée le lendemain et des corridas ont lieu. Enfin, la fête de San Cristobal a lieu le 25 juillet, jour où l'on célèbre le saint patron de la ville. Concerts de marimbas, repas et feux d'artifices sont organisés sur le site de l'église, où de nombreux pèlerins se rendent dix jours avant les festivités.
Gastronomie et marchés
La gastronomie de San Cristobal diffère sensiblement de celle du reste du Mexique. Boeuf, porc et poulet y sont aromatisés avec des herbes et condiments de la région. Le tasajo, bœuf en lamelles mariné dans du rocou, le polle en mole, poulet cuisiné dans une sauce d'épices et de chocolat et le puerco en pipian, porc aux grains de courge comptent parmi les plats typiques de San Cristobal. Le pozol (maïs et chocolat) et le tazcalate (maïs à la cannelle) sont les boissons locales les plus populaires. On peut les déguster au Musée du Café. Les plantations de café des plateaux du Chiapas proposent de plus des visites guidées de leurs sites. Un marché au nord de l'église Santo Tomas est ouvert tous les jours sauf le dimanche. Le marché couvert accueille de nombreuses boucheries, tandis que les étals à ciel ouvert servent de nombreux mets locaux : saffran tamales, sopa de pan, asado coleto et atole de granillo. Ce lieu aux mille couleurs est peu fréquenté par les touristes, en faisant un lieu authentique et agréable à parcourir.
D'autres marchés vendent des textiles de la région, des céramiques, ainsi que des bijoux de fer forgé et d'ambre. Une exposition annuelle d'objets en ambre a lieu chaque année au Centro de Convenciones Casa de Mazariegos.
Rédacteur :
Anne Chabot
