Points ou centres d'intérêts
Promenade au coeur d'une cité prospère
Que l'on traverse une rue mansardée ou que l'on pénètre dans un winsburster pour y déguster un verre de vin blanc d'Alsace, la tradition et la culture régionales sont omniprésentes dans le chef-lieu du Haut-Rhin. Le coeur de la cité, plutôt cossu, a très tôt bénéficié d'une économie dynamique et d'un rayonnement culturel durable. Il est vivement conseillé de pénétrer dans cette partie de la ville à pied car le stationnement y est payant et les rues principalement piétonnes. Ainsi, parmi les bâtisses les plus emblématiques, le Koïfhus, situé place de l'Ancienne-Douane et datant de 1480, est classé à l'UNESCO depuis 1930. Ce bâtiment constituait le coeur économique de la ville puisqu'il était le siège des douanes (comme l'indique le nom de la place). Il accueille désormais occasionnellement des manifestations culturelles. D'autres bâtiments comme la maison Adolph ou la maison Pfister semblent incontournables : le premier est classé au patrimoine mondial depuis 1929 et le second, également classé, est connu pour les peintures qui décorent ses façades et permettent au visiteur d'admirer des figures religieuses ou encore une allégorie de la justice.
Les rives de la Lauch au coeur du quartier de la "petite Venise" (quartier appelé de cette manière en référence au surnom que lui donnait l'aquarelliste Hansi) sont également un lieu de promenade fascinant. Les maisons d'artisans qui bordent le cours d'eau datent de la Renaissance ; c'est un important programme de restauration (effectué durant les décennies 1970 et 1980) qui a permis de conserver le caractère authentique des constructions locales. L'ancien quartier de pêcheurs a conservé son quai mais celui-ci, remanié après l'incendie de 1706, constitue aujourd'hui une agréable promenade pavée sur les rives de la Lauch.
L'ouest du vieux Colmar est un quartier aéré, construit plus tardivement. Il témoigne de la formidable expansion économique de la ville au XIXème siècle. La gare, en forme de locomotive à vapeur, est directement inspirée de celle de Gdansk, en Pologne. Elle est inaugurée en 1907, en remplacement de l'ancienne gare construite peu après l'inauguration de la ligne Strasbourg-Bâle en 1840. A proximité, la place Saint-Joseph (du nom du grand industriel local) est pleine de contrastes. A côté de l'église néogothique (1892) et des demeures aux ornements impressionnants, la cité ouvrière (construite à la même période pour accueillir les ouvriers du faubourg industriel) ne peut paraître que fragile. Au nord de cette place, les noms des rues rappellent qu'avant les pavillons on trouvait sur ces espaces des vignes (Riesling, Sylvaner, Muscat..)
Un décor de théâtre mais aussi de nombreux musées !
La grande fierté de la ville, c'est le musée Unterlinden. Il est l'un des musées des Beaux-Arts les plus visités en France. La collection dense est mise en valeur par les récents travaux de rénovation et d'extension. Il faut souligner que le musée se situe dans l'un des plus anciens cloîtres gothiques français (1289). La collection est très dense : de l'art sacré rhénan en passant par une rétrospective des arts décoratifs populaires alsaciens, on peut aussi visiter la section archéologique (au sous-sol) qui est riche d'objets exhumés par des fouilles faites dans la région. Toutefois, le véritable trésor de ce musée est le retable d'Issenheim : celui-ci a été réalisé au début du XVIème siècle sur la demande de l'ordre des Antonins d'Issenheim. Cette congrégation religieuse vivait humblement et avait fait le voeu de soigner les pauvres atteints du "feu de Saint-Antoine" (une intoxication liée au seigle). Cette oeuvre phrare du musée présente quatre scènes religieuses : l'Annonciation, le Concert des Anges et la Nativité. Lorsque les panneaux de cette oeuvre sont fermés : on peut voir une illustration de la Crucifixion où les plaies du Christ rappellent la douleur des malades soignés par les clercs.
Frédéric Auguste Bartholdi (1834-1904), fervent républicain, peut aussi être considéré comme une icône locale. Il naquît dans l'hôtel particulier qui lui est aujourd'hui dédié. Ce bâtiment date du XVème siècle mais ne devint un musée qu'en 1922. Il concentre une importante partie du travail de l'artiste : photographies, peintures, dessins et évidemment des sculptures (depuis les ébauches et maquettes préparatoires jusqu'aux bustes achevés en fonte de fer). Le créateur de la statue de la Liberté (initialement appelée "la liberté éclairant le peuple") ne se retrouve pas seulement dans le musée. Sur une place, dans une rue bordées de maisons à colombages, on peut tomber sur une oeuvre de Bartholdi. Ainsi, la fontaine de la place de l'Ancienne-Douane (Koïfus) et la statue du Petit Vigneron qui se trouvent sur une rive de la Lauch (dans le quartier de la petite Venise) sont des créations originales du sculpteur.
En s'éloignant un peu du retable d'Issenheim et des créations de Bartholdi, on peut aussi être tenté d'aller voir à quoi ressemble le musée du jouet et du petit train. Des automates, des vitrines interactives où se meuvent des jouets anciens (du guignol à la grande roue), la collection est dense. Pénétrer dans le musée c'est presque s'abandonner à un retour en arrière : un étage entier dédié au chemin de fer laisse les plus grands ébahis. En marchant autour de l'impressionnant circuit de 800 mètres, le visiteur peut s'attarder sur le parcours d'une miniature de locomotive à vapeur sifflant jour et nuit.
Connaître ce coeur de l'Alsace et s'informer sur les spécificités de la région est possible en visitant le musée d'histoire naturelle et d'ethnographie. Etabli dans une demeure datant du XVIème siècle, le lieu est entièrement voué à la compréhension de l'évolution physique de la région et ce grâce à des expositions ludiques. Maquettes, roches, insectes, oiseaux et autres animaux naturalisés permettent à chacun de percer les secrets des forêts et des étangs de la région. De plus, des expositions ethnographiques (liées notamment à l'Egypte ancienne) apportent une touche d'exotisme au lieu.
Centre médiéval, capitale gustative et âme musicale
Au carrefour des grands axes d'échanges, Colmar est installée sur un sol fertile. La ville a effectivement su mettre en valeur un patrimoine architectural manifeste mais elle a également su très tôt tirer profit d'une situation privilégiée : celle de la route des vins d'Alsace. En effet, chaque année est organisée la foire régionale des vins d'Alsace (une des plus remarquables de France) où les producteurs présentent les différents crus issus de la région. Une multitude de manifestations culturelles (spectacles, concerts) accompagnent cet événement qui a lieu durant dix jours au mois d'Août.
Deux festivals de musique sont organisés à Colmar chaque année. Le plus renommé est le festival international de musique où la programmation se concentre sur un instrument, un compositeur ou un pays spécifique. La situation de proximité avec l'Allemagne a favorisé la venue d'artistes d'Outre-Rhin renommés tel Mstislav Rostropovitch en 2009. Les concerts de musique classique ont lieu dans la salle du Koïfus, la chapelle Saint-Pierre, le théâtre de plein-air du parc des expositions ou au temple Saint-Mathieu. Cette fête se déroule durant dix jours au cours de la première quinzaine de Juillet.
Tous les ans, au mois de septembre, se déroule le festival de jazz de la ville. Ce festival qui a lieu depuis 1996 s'attache à promouvoir un certain éclectisme : des groupes de locaux jouxtent les grands noms de la trompette, du piano ou du saxophone. Une des volontés revendiquées de la manifestation est aussi de retourner aux "racines du jazz" sans toutefois négliger tous les courants du style de musique appréciés par les nombreux spectateurs. Cette manifestation se déroule dans l'auditorium du CREF d'Alsace (Centre de Rencontres, d'Echanges et de Formation) mais aussi dans la salle de musique nouvelle du Grillan (au 19, rue des jardins).
Rédacteur :
Anne Chabot
