Points ou centres d'intérêts
L’histoire d’une ville du sud
Charleston, c’est avant tout une ville du sud des Etats-Unis. Véritable plaque tournante de la traite des noirs au début des années 1700, lorsque les plantations étaient en pleine croissance, elle était en effet la porte d’entrée des trois quarts des esclaves amenés sur le sol américain. Lors de l’élection d’Abraham Lincoln, farouche opposant à l’esclavagisme, la Caroline du sud devient le premier Etat à faire sécession. La ville a également connu plusieurs catastrophes naturelles. Des tremblements de terre qui ont ravagé certaines parties historiques de la ville, en détruisant plus de 2 000 maisons, sans oublier plusieurs ouragans. Le plus récent, l’ouragan Hugo en 1989, a entraîné la fermeture des chantiers navals et mis au chômage un cinquième de la population de la ville. Forte de cette histoire mouvementée, la ville est un exemple emblématique des événements dans le sud des Etats-Unis. Malgré tout cela la ville s’est relevée à chaque fois, devenant aujourd’hui un des ports les plus importants des Etats-Unis et un lieu touristique prisé.
Le quartier de Battery
C’est l’endroit où les Américains défendirent la ville contre les Anglais en 1812 (« 2ème guerre d’indépendance des Etats-Unis »). L’endroit est superbe, les routes sont bordées de palmiers et le quartier offre une vue dégagée sur la baie. Quartier riche et résidentiel, on y voit de somptueuses maisons coloniales. Il faut se balader vers le front de mer le long du chemin bordé de lilas des Indes. Il est possible de visiter les maisons historiques du quartier de Battery. Les départs se font toutes les demi-heures depuis le bureau de poste. Cet "US post office" est d’ailleurs la première visite à effectuer tant son style néo-renaissance et ses boiseries en acajou surprennent par leur beauté. Sur Meeting Street, vous pourrez observer la Saint Michael Episcopal Church, du XVIIIème siècle, dont le clocher a été détruit par les canons anglais. La Poyas Mordecai Historic House offre un détail typique : de gros boulons sur les côtés permettent de la protéger des tremblements de terre. La Heyward Washington House a été construite par un planteur de riz signataire de la déclaration d’indépendance, qui y accueillit George Washington. Le mobilier est très luxueux et fabriqué à base de bois locaux d’acajou et cyprès. Le hall est de style géorgien et donne sur les immenses pièces de la maison. Aménagement classique de l’époque, la cuisine était en dehors de la maison.
Autre demeure à visiter, la Edmondston-Alston House. Ce riche négociant a construit cette maison qui a ensuite été réaménagée selon le style Greek Revival, avec notamment l’ajout de colonnes corinthiennes. Le balcon de la maison offre une vue dégagée sur la baie, splendide. Autre ambiance, sur Church Street on revit l’histoire de ce quartier pauvre où les locataires noirs vendaient des légumes à leurs fenêtres, donnant son nom à l’allée, « cabbage row » (« l’allée des choux »). On y trouve la plus ancienne maison de la ville, Robert Brewton House. Enfin, la visite des White Points Gardens, où l’on pendait les pirates, donne encore des frissons. L’endroit était alors marécageux mais de l’autre côté du parc, on aperçoit les sublimes maisons datant d’avant la guerre de sécession.
La ville fortifiée : le Charleston historique
Lors de la visite de Charleston, il ne faut pas manquer de visiter les vestiges de l’ancienne ville fortifiée. Cette promenade se fait à pied et de préférence avec un guide qui pourra vous donner des détails passionnants. C’est depuis ce lieu que les colons anglais, premiers arrivés, défendirent la ville contre les assauts menés par les Français, les Espagnols et les Indiens. On y voit encore deux ponts-levis, qui jadis assuraient le contrôle de l’entrée dans la ville. Dans ce quartier, on trouve encore un magasin de poudre datant de 1713, qui servait à stocker les munitions. Son toit en tuiles est typique de l’architecture des premiers colons. En se rendant sur Church Street, on aperçoit le haut de l’église Saint Philip’s Episcopal Church. En descendant Church Street, on tombe nez à nez avec le Dock Street Theater, un théâtre datant de 1736 qui dispose d’un curieux balcon en fer forgé. C'était autrefois le lieu de rendez-vous des planteurs de Caroline du Sud. Si l’on poursuit jusqu’au Old Exchange and Provost Dungeon, on peut visiter ce bâtiment géorgien qui servait de douane. Sur les quais tout près se trouve l’endroit où l’on vendait les esclaves dans la rue.
Pour les férus d’art, dans le quartier fortifié on trouve le musée Gibbes. Sa collection permanente insiste sur l’art Lowcountry mais il dispose également de nombreuses œuvres et peintures d’artistes américains comme Charles Peale ou Benjamin West. L’art du début du XXème siècle y est largement présent et on apprécie les œuvres de nombreux grands artistes américains comme Childe Hassam. Les œuvres contemporaines sont moins nombreuses mais on peut tout de même voir des œuvres de Roy Lichtenstein ou Larry Rivers. Dans le coin, quelques restaurants se sont établis dans d’anciennes maisons victoriennes.
Gastronomie de Charleston
La ville est le paradis des gastronomes. On y retrouve une cuisine du sud des Etats-Unis, au croisement des influences africaines, caribéennes, françaises et anglo-saxonnes. Du fait de la proximité avec l’océan Atlantique, les grandes spécialités locales sont souvent élaborées à partir de fruits de mer et autres poissons. Pour déguster ces merveilles, il faut se rendre principalement sur Bay Street, Meeting Street, près du Market Hall ou encore Queen Street. C’est ici que le visiteur aura le plus grand choix en matière de restaurants traditionnels. Il ne faut pas hésiter à pénétrer dans ceux dont l’ambiance parait familiale, c’est souvent là qu’on y mijote les meilleurs plats.
Charleston : une incursion dans la culture du sud
En visitant Charleston, on pénètre dans la culture dite « sudiste ». La culture du sud des Etats-Unis est très particulière. On y vivait autrefois reculé, au milieu de clans familiaux. Si la région du sud des Etats-Unis est lourdement entachée par le passé esclavagiste puis ségrégationniste qui y régnait, elle est également le berceau de nombreux courants musicaux et d’une gastronomie riche. Elle est le fruit du mélange qui s’opéra entre toutes les influences française, anglo-saxonne, africaine, caribéenne, écossaise et irlandaise de la région. Résultat de vagues successives d’immigration, choisie ou forcée, le sud est l’emblème d’une Amérique melting pot qui a combiné toutes ces influences pour créer une culture complexe. On trouve ainsi à Charleston du bourbon de grande qualité, puisque c’est la boisson traditionnelle de la région, originaire du Kentucky. Côté musique, quand le désespoir des esclavages fut à l’origine du blues et autre gospel, les Irlandais inspirèrent également la musique country qui est né à partir de toutes ces influences. C’est là qu’est né le bluegrass puis, inspiré du rythm n’ blues et de la country, c’est dans le sud que naitra le rock’ n’ roll ‘. Ce sont toutes ces musiques qui résonnent dans les établissements de Charleston.
Le Charleston Museum
Le musée Charleston est intéressant, car il reprend les grandes phases de l’histoire culturelle et naturelle de la ville. Au regard de ce qu’a traversé cette région au fil des ans, on revit la construction et la naissance de l’Amérique d’aujourd’hui. Autour du musée, il ne faut pas manquer la visite de quelques maisons, notamment la Joseph Manigault House. Elle montre une architecture fédérale classique, en brique et sur trois étages, avec ses lignes courbées et son portail néo classique. Le quartier est aéré avec de plus grands jardins. La Aiken-Rhett House a été bâtie pour un armateur puis agrandie dans les années 1850. L’intérêt de cette maison est de n’avoir subi aucune modification, jusqu’aux papiers peints qui sont d’origine !
Les environs de Charleston
Lors d’un séjour à Charleston, plusieurs options s’offrent pour découvrir les environs. La principale excursion à effectuer est le circuit des routes des plantations. Derrière des allées de chênes vieux de plusieurs siècles, on parcourt ces anciennes rizières dans un paysage digne d’un film hollywoodien. Parmi les plantations à visiter, Boone Hall se situe à seulement 18 kilomètres de Charleston et est l’une des plus anciennes plantations de la région. On y découvre des documents sur les conditions de vie des esclaves et le système de transport du coton qui était envoyé directement par la rivière lors des marées descendantes. La plantation Magnolia est à 22 kilomètres de la ville et était la demeure de riches aristocrates anglais. La maison est construite dans le style Greek Revival et pré-Indépendance mais ce qui charme le plus le visiteur est le parc, qui dévoile des splendeurs florales quelle que soit la saison. En allant plus loin, jusqu’au Hunting Island State Park situé à plus de 120 kilomètres de Charleston, on découvre un parc national peuplé par des tortues caouanes, où la forêt mène progressivement jusqu’au bord de l’eau. L’endroit est parfaitement sauvage et constitue une belle étape dans le voyage.
Rédacteur :
Marion Rouillot
